COVID-19, la guerre contre l'ennemi invisible
La France traverse la plus grande crise sanitaire qu’elle ait connu depuis plus d’un siècle. Des mesures d’exception ont été prises qui impliquent une responsabilité individuelle et collective inédite. Le respect de ces mesures de confinement ne s’appliquent cependant pas sans difficulté.
La gendarmerie, au travers notamment des personnels de terrain, est en première ligne pour assurer que chacun, à son niveau, suive les principes de restriction de déplacement. Nous sommes présents quotidiennement sur les routes de France, la Gendarmerie couvrant près de 95% du territoire, pour contrôler, protéger, rassurer, informer. Mais qui protège les gendarmes?
La presse nationale s’est récemment fait l’écho du manque de masques. Nombreux sont ceux qui ont souligné le fait que les forces de l’ordre ne sont pas, ou peu, équipées pour assurer à leurs personnels un port systématique de masque de protection.
De nombreux militaires de la Gendarmerie Nationale s’inquiètent du peu de stock mis à leur disposition, notamment au regard de leur forte disponibilité et des contacts réguliers qu’ils ont avec la population. Mais qu’en est-il, la situation est-elle critique? Les militaires sont-ils en danger? Que savons nous et quel est l’impact de cette pénurie?
Il existe plusieurs types de masques et tous n’ont pas les mêmes capacités. Ces protections sont-elles adaptées d’après ce que l’on sait du COVID-19?
Le COVID-19, quel est cet ennemi? Comment se transmet-il?
Le COVID-19 ou SARS-Cov-2, est transmissible par des personnes porteuses du virus :
La maladie peut se transmettre d’une personne à l’autre par le biais de gouttelettes respiratoires expulsées par le nez ou par la bouche lorsqu’une personne tousse ou éternue. Ces gouttelettes peuvent se retrouver sur des objets ou des surfaces autour de la personne en question. On peut alors contracter la COVID-19 si on touche ces objets ou ces surfaces et si on se touche ensuite les yeux, le nez ou la bouche. Il est également possible de contracter la COVID-19 en inhalant des gouttelettes d’une personne malade qui vient de tousser ou d’éternuer. (OMS)
Une étude récente publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM) permet également d’établir que le virus est transmissible par voie aérienne (fines particules) dans des espaces confinés (non aérés). Par analogie les éléments de test en laboratoire, opérés sur un cobaye, correspondent à un humain moyen placé dans une chambre. Si la présence du virus est relevée, trois heure après injection, il est difficile de conclure qu’en situation réelle sa présence soit contaminante. Cependant, cet élément doit conduire à adopter des mesures adaptées notamment pour les personnels au contact d’individus présentant des symptômes en milieu fermé.
Quelles armes pour lutter contre le COVID-19?
Il existe plusieurs type de masques différents et l’usage d’un mot valise pour les désigner tous est dangereux, particulièrement lorsque l’on aborde la nécessité de se protéger et de les utiliser à bon escient.
Les différents types de masques et leur usages sont les suivants (source INRS.fr) :
Un masque chirurgical est un dispositif médical (norme EN 14683). Il est destiné à éviter la projection vers l’entourage des gouttelettes émises par celui qui porte le masque. Il protège également celui qui le porte contre les projections de gouttelettes émises par une personne en vis-à-vis. En revanche, il ne protège pas contre l’inhalation de très petites particules en suspension dans l’air. On distingue trois types de masques :
Type I : efficacité de filtration bactérienne > 95 %.
Type II : efficacité de filtration bactérienne > 98 %.
Type IIR : efficacité de filtration bactérienne > 98 % et résistant aux éclaboussures.
Un masque FFP est un appareil de protection respiratoire (norme NF EN 149). Il est destiné à protéger celui qui le porte à la fois contre l’inhalation de gouttelettes et des particules en suspension dans l’air, qui pourraient contenir des agents infectieux. Le port de ce type de masque est plus contraignant (inconfort thermique, résistance respiratoire) que celui d’un masque chirurgical. Il existe trois catégories de masques FFP, selon leur efficacité (estimée en fonction de l’efficacité du filtre et de la fuite au visage). Ainsi, on distingue :
Les masques FFP1 filtrant au moins 80 % des aérosols (fuite totale vers l’intérieur < 22 %).
Les masques FFP2 filtrant au moins 94 % des aérosols (fuite totale vers l’intérieur< 8 %).
Les masques FFP3 filtrant au moins 99 % des aérosols (fuite totale vers l’intérieur < 2 %).
Le masque anti-projection, ou chirurgical, n’est utile que pour piéger les gouttelettes. Un risque qui est minime au delà de la distance préconisée par les gestes « barrière » soit 1m50.
Le masque FFP répond à des contraintes plus forte, liées à son objectif plus protecteur, et impose d’être glabre, une barbe même naissante portant atteinte à l’étanchéité du produit.
Les masques sont-ils indispensables pour les militaires de la Gendarmerie actuellement déployés?
Les masques chirurgicaux sont donc utiles pour freiner la propagation de la pandémie en limitant la diffusion du virus par projection de gouttelettes. Il ne s’agit pas tant de protéger le porteur mais bien son entourage et son environnement. Les masques FFP sont utiles uniquement en milieux confinés notamment au contact des personnes malades et présentant des symptômes tels que la toux et les éternuements. Ces masques ne sont pas utiles en extérieur.
Les gendarmes ont-ils donc un besoin impérieux de masques? Bien sur, mais pour répondre à des situations spécifiques.
Les Gendarmes ont besoin d’être protégés, c’est une évidence, mais les masques chirurgicaux ne sont utiles que si l’ensemble de la population est dotée. Equiper uniquement les forces de l’ordre ne sera pas une réponse appropriée, et surtout, cela ne les protègera pas individuellement de manière efficace. Un comportement adapté, avec des mesures de distanciation, est réellement protecteur, notamment dans les phases de contrôle.
Les masques chirurgicaux sont indispensables mais ils doivent être largement distribués à l’ensemble de la population. Réserver les masques anti-projection à une minorité, même s’il s’agit des forces de l’ordre, est inutile car l’impact sur la propagation du virus sera trop faible. Le bon sens doit primer sur l’utilisation effrénée d’un matériel inadapté aux situations rencontrées.
Dans l’attente de stocks suffisants, ces masques sont essentiels à ceux et celles qui, au quotidien, sont au contact immédiat (moins d’un mètre) de personnes malades et présentant des symptômes (toux, éternuement). Il s’agit donc des soignants. Ce sont eux la véritable « première ligne ». Ils doivent être les destinataires prioritaires, de toute urgence, de tous les masques disponibles. Leurs besoins s’élèvent à 15 millions de masque par jour.
Nous vous invitons à prendre connaissance de la page de l’OMS à ce sujet :
https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/advice-for-public
Mais alors quelle protection pour les Gendarmes?
La protection des gendarmes doit être globale. L’urgence est de doter très rapidement les unités de matériel de première nécessité pour assurer une protection individuelle et collective optimale. Ainsi, des gels hydro-alcooliques, des produits de désinfection pour les surfaces (lingettes ou solutions liquides), des gants pour effectuer ces opérations. Pour une utilisation ciblée, des masques avec une information adaptée pour leur mise en oeuvre, durée d’utilisation et les cas d’usages.
Les directives doivent également être claires et uniformes. La protection des gendarmes et des familles ne doit souffrir d’aucune exception et surtout d’aucune contrainte inutile en ces temps déjà difficiles.
Ainsi, la prise en compte des personnels contaminés doit faire l’objet d’un protocole aux réponses fortes avec l’isolement strict de toute personne porteuse du COVID-19 ou au contact de celle-ci (membre de la famille, collègue de travail). Des process de décontamination doivent être réalisés dès lors qu’un personnel est placé en isolement.
Ces mesures doivent être fondées sur un dépistage des militaires dès l’apparition de symptômes. Dans un premier temps, un point de situation doit être réalisé par le dépistage initial de tous les personnels de terrain (COB, BTA, PSIG, ESR, EGM…).
Enfin, si l’aspect sanitaire est essentiel, l’aspect psychologique est également fondamental. Les directives prises ne doivent pas porter atteinte inutilement à la capacité des militaires à trouver des temps de pause indispensables pour se ressourcer en famille. Les récentes directives sur le respect des mesures de confinement doivent être clarifiées. Si l’on peut comprendre qu’un gendarme disposant d’un logement familial (double résidence) trop éloigné de la caserne ne peut raisonnablement le rejoindre, nombreux sont ceux dont la proximité est compatible avec les restrictions actuelles. Nous demandons solennellement à la direction de clarifier la directive en adoptant une prise en compte géographique de la double résidence.
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