Départ en retraite du Lieutenant-Colonel Jean-Hugues MATELLY
Discours du 17 février 2016 – Issy-Les-Moulineaux (DGGN)
INTRODUCTION
Messieurs les officiers généraux, chers amis de toutes qualités, professions, corps, grades, fonctions…
Merci à vous tous d’être présents ce jour, pour m’aider à passer ce moment, toujours éprouvant et émouvant pour celui qui s’en va.
Certes, vous le savez, j’ai bénéficié, chose rare, d’un entraînement sérieux, puisque c’est la seconde fois que me voilà radié des cadres de la gendarmerie. Mais je ne compte garder le souvenir que d’un seul jour, aujourd’hui, celui de l’amitié.
I/ Je voudrais tout d’abord remercier toutes celles et tous ceux qui m’ont accompagné durant ces presque 30 années de vie militaire.
IA/ Mes chefs :
Car j’ai toujours eu la grande chance de servir sous les ordres de chefs qui n’en avaient pas que le nom, que le grade, mais qui en possédaient le véritable talent. Et je crois pouvoir dire avoir noué avec chacun d’eux, de la brigade territoriale à la sous-direction de la DGGN, des relations de parfaite confiance. Je les en remercie.
Cela peut sembler étrange, mais les quelques moments de crispation du « système » à mon égard, se sont toujours joués très loin de la relation hiérarchique directe, de contact, à des échelons qui ne me connaissent pas et n’ont aucune idée de mes motivations…
– Parmi, donc, les véritables chefs, auprès desquels j’ai eu l’honneur et le plaisir d’être affecté, j’ai une pensée particulière pour ceux qui ont marqué pour moi les les plus riches périodes d’enrichissement intellectuel et humain de toute ma carrière : le colonel Jean-François Impini et le général Bertrand Cavallier. Ils savent ma profonde gratitude.
– Je n’oublie pas ici, de remercier également ses chefs qui, loin de tomber dans la facilité du jugement à l’emporte pièce au vu de mon passé, au vu de mes idées, au vu de mes succès juridiques, c’est selon l’angle de vue, m’ont accueilli sur la seule base de la compétence et du travail fourni, en particulier les généraux Mazy et Béton en Picardie, et ici même, à la direction, les généraux Mazy et Quenelle, et les colonels du bureau de la formation : Marietti, Boyer et Dubuis.
IB/ Mes camarades :
Qu’ils soient les pairs aux cotés desquels j’ai travaillé ces années durant, ou qu’ils soient les femmes et les hommes que j’ai eu l’honneur et le plaisir de commander dans mes différentes affectations, cela fut toujours constructif et heureux. Je ne me souviens pas d’un seul jour de ces dernières décennies, où je n’ai pas éprouvé le plaisir d’accomplir la mission du moment avec eux. Je les en remercie tous ici, avec une pensée particulière pour ceux que j’abandonne, en quelque sorte, aujourd’hui, au sein du BFORM, notamment Christophe Bacquet et Caroline Beaumont.
– Parmi mes très nombreux camarades, j’ai une dette importante, en particulier envers les « picards » et toutes celles et ceux qui m’ont épaulé, m’ont soutenu, lorsque j’ai eu à traverser certains épisodes difficiles, mon précédent et prématuré départ, tout spécialement. Merci à eux.
– Enfin, je voudrais saluer mes camarades « idéalistes », qui se sont engagés, à un moment ou à un autre, ou dans la durée du long terme, avec moi, sur les chemins trop longtemps abandonnés d’un idéal de liberté, au cœur même de la Gendarmerie et de l’Armée de la République. Devant nous, le chemin se poursuit, s’élargit.
II/ Si bien commandé, si bien entouré, pourquoi donc partir avant l’heure ?.
IIA/ D’abord pour les miens : Sylvie, Adriel et Jean, mon père.
Ils ont enduré et subi, souvent je crois bien plus que moi-même, mes engagements personnels et leurs conséquences. Face à mes activités menées de front, entre vie professionnelle, travaux de recherche, contentieux juridique, activités associatives… je les ai bien trop délaissé des années durant, et je m’en excuse aujourd’hui auprès d’eux en les remerciant de tant de patience. Je vais donc enfin pouvoir leur consacrer plus de temps.
– Il y aura aussi, nombre d’occupations plus prosaïques, on m’a fait d’ailleurs une petite liste…
(…passage humoristique..)
– Hum… je sais que j’ai déjà mis fortement à contribution, depuis longtemps, les services juridiques de la DGGN… mais je me demande si l’on ne pourrait pas finalement plaider l’abolition du discernement à la date de la signature de ma lettre de démission…
Il n’en est rien, rassurez vous ! Rassurez-les, surtout.
IIB/ Partir aussi, tout simplement parce que la mission est remplie.
Je crois que nous avons tous à cœur de donner du sens à notre existence en amenant une petite contribution à l’œuvre collective. J’estime avoir apporté ma petite pierre à l’édifice, encore en chantier, des libertés publiques des militaires. C’est par définition un point de vue très subjectif, à chacun de voir, là où je perçois une pierre d’angle, un grain de sable dans un rouage.. ou dans un œil, un pavé dans une mare… ou ailleurs, une pierre qui roule et qu’il faudra continuellement remonter vers le sommet… De toute façon, le mot gendarme, au figuré, ne désigne-t-il pas aussi un monolithe rocheux : une pierre donc.
Il appartiendra aux militaires d’aujourd’hui et de demain, de donner à cette pierre, à ce grain de sable, ou à ce pavé, le sens qu’ils voudront lui donner, l’usage qu’ils voudront en faire. Ma mission est remplie… mais la mission continue.
– Ma vision des choses est des plus simples : on ne gagne aucune guerre en application de la réglementation militaire, on les gagne en étant porté par un idéal. Pour l’armée d’une République, l’idéal le plus mobilisateur se trouve tout entier dans le concept de Liberté. Viendrait-il à l’idée de l’armée d’une puissance théocratique de ne pas vouloir de croyants dans ses rangs… pourquoi diable l’armée d’un République refuserait d’y compter des femmes et des hommes libres ?
EN GUISE DE CONCLUSION
Parce qu’au-delà des concepts théoriques, il faut savoir rester dans le concret, je me dois donc d’évoquer maintenant mon principal exploit de toutes ces années : il est ici sous vos yeux : je rentre toujours dans la vareuse qui a été taillée sur mesure pour l’élève-gendarme Matelly en 1988 ! Et ce n’est pas – si j’ose dire – une mince affaire.
Si enfin, vous voulez savoir comment l’on fait – non pas pour garder la ligne car je n’ai aucune recette miracle, vous m’en voyez désolé – mais comment l’on fait pour construire finalement un parcours comme celui qui m’a conduit ici : il y a bien, là, un mot magique : on le fait par amour.
Par amour d’un idéal de liberté ;
Par amour de la gendarmerie et de l’armée de notre République ;
Par amour, pour celles et ceux qui y servent : par amour pour vous.
Mais il est temps aujourd’hui de quitter les huit siècles d’une vieille maîtresse – que ne renierait pas Barbey D’Aurevilly – pour une toute jeune épouse ! J’emprunterai donc le mot de la fin au plus célèbre des gendarmes, amoureux… (…passage humoristique…)
JH Matelly
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